Un président de la République visite Arles à la veille de la Grande Guerre, Raymond Poincaré le 14 octobre 1913

Le président Raymond Poincaré rend visite aux Arlésiens le 14 octobre 1913. Élu président au mois de Janvier 1913 il succède à Armand Fallières.

Contexte historique

L’année 1913 est marquée par un contexte international qui se durcit en Europe centrale et dans les Balkans. En mai, le traité de Londres décide de la cession de tous les territoires Turcs à l’ouest d’une ligne Enos-Midia et des îles de la mer Egée. En juin, la seconde guerre balkanique éclate , la Serbie est soutenue par la Turquie, la Grèce, le Monténégro, la Roumanie. De son côté, l’Autriche-Hongrie menace d’intervenir au côté de la Bulgarie. En août, le traité de Bucarest fait perdre la Macédoine et la Dobroudja à la Bulgarie. La Crète revient à la Grèce ; enfin, l’Albanie devient indépendante.

Louis Barthou succède à Aristide Briand comme Président du Conseil au mois de mars. Il reprend l’idée de son prédécesseur d’allonger le service militaire à trois ans. La loi Barthou, discutée âprement en séance de l’Assemblée nationale au mois de juillet et combattue par Jean Jaurès, est votée le 7 août 1913 face à la « montée des périls » (notamment par rapport aux évènements d’Agadir et à la situation au Maroc, devenu protectorat français lors du traité du 1er juillet 1912).

En France, des incidents interviennent au mois d’avril 1913 entre la France et l’Allemagne :

Le 3 avril 1913, un dirigeable militaire allemand, le Zeppelin-IV, se pose en Meurthe et Moselle sur un champ de manœuvre, c’est « l’incident de Lunéville ». Cet incident (qui fit la une du Petit Parisien du 4 avril) est attisé par les plumes de certains journalistes intolérants dont les articles auraient pu provoquer un nouveau conflit. Louis Barthou clôt l’incident, laissant repartir le fleuron aéronautique militaire allemand après que les Français aient pu l’examiner sous toutes ses coutures. Notons que les autorités allemandes avaient interdit toute divulgation à la presse de leur pays.

Le 7 avril, le chancelier allemand Bethmann-Hollweg se prononce en faveur de l’armement devant le Reichtag et dénonce le chauvinisme français. Le 13 avril, « l’incident de Nancy » se traduit par une rixe entre Alsaciens et touristes allemands.

La guerre sera pour plus tard, une guerre qui pour certains commentateurs dont les arguments illustrés de cartes annoncent «  une victoire probable, avec la loi des trois ans ».

La visite vue par la presse de l’époque

Le Président de la République rend alors visite aux Arlésiens le 14 octobre. Le Maire d’Arles Jean Granaud et le conseil municipal organisent une réception exceptionnelle pour accueillir Raymond Poincaré. Cette visite est largement commentée par la presse locale dans les deux hebdomadaires que sont « le Forum Républicain » et « L’Homme de bronze ».

Document 1

Document 2

Le Forum Républicain 18/10/1913 : trajet devant les monuments d’Arles et demande au président de rentrer dans le conflit.

Quelques pistes pédagogiques :

Ces documents nous renseignent sur les conditions de l’accueil d’un chef d’état à Arles (fêtes, spectacles, présence des Arlésiens, mise en scène, discours).
L’intérêt d’étudier ces articles de journaux est multiple.
D’abord, il permet d’évoquer les points de vue des journalistes sur la venue du Président de la République, ensuite il met en relief la préoccupation envers le patrimoine antique arlésien (Alyscamps, Théâtre Antique, Amphithéâtre), enfin il permet de s’interroger sur la prise de position d’entrer ou non dans le conflit.

Collège :

Classe de troisième : Histoire Thème «  La République entre deux guerres »

Lycée :

Classe de première : Histoire Thème 5 « Les Français et la République » «  La République, trois Républiques »

Questionnaire possible :

Document 1 : Homme de Bronze du 19/10/1913
  • Quelles sont les deux impressions qui ressortent sur le Président de la République dans cet article ?
  • Quelle est la leçon du Président ?
Document 2 : Le Forum Républicain 18/10/1913
  • Comment le journaliste commente la visite du président ?
  • Quelle est l’attitude du président à la fin de cette visite ?
  • Par quoi pourrait-il être préoccupé ?
  • Pourquoi fait-on allusion aux blessés de 1870 ?
  • Quel appel est lancé au Président par le journaliste à la fin de l’article ?

Sébastien Brunet Professeur relais Archives Communales de la ville d’Arles