La première élection du président de la Ve République au Suffrage Universel

La première élection du président de la Ve République au suffrage universel est l’aboutissement d’une lente évolution des institutions politique en France.

En 1792, la première République n’a pas de président à sa tête. En 1848, la monarchie de Juillet laisse la place à un gouvernement provisoire qui décrète le suffrage universel masculin et organise l’élection d’une assemblée constituante. La constitution de la seconde République  du 4 novembre 1848  attribue un mandat de quatre ans non renouvelable immédiatement au président de la république. Ses pouvoirs sont importants, il nomme et révoque ses ministres, il dispose de la force armée, peut faire présenter des projets de lois par ses ministres à l’Assemblée, promulgue les lois, a le droit de grâce après avis du conseil d’État. Le 10 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte est élu président de la république au suffrage universel masculin. Il ouvre une parenthèse pour la République par le coup d’État le 2 décembre 1851 et le rétablissement de l’Empire l’année suivante.

La troisième République naît de la défaite contre la Prusse et de la journée révolutionnaire du 4 septembre 1870. Thiers est fait chef de l’exécutif par l’Assemblée puis Président de la république par la loi Rivet le 31 Août 1871. La république est menacée par une nouvelle restauration par les monarchistes majoritaire depuis l’élection du 8 février 1871. Thiers est renversé par Mac-Mahon qui inaugure le septennat qui sera un article constitutionnel en vigueur jusqu’en 2000. Les pouvoirs du président sont considérables, il est élu et rééligible par la Chambre des députés et le Sénat, a l’initiative des lois. Jules Grévy successeur de Mac-Mahon qui démissionne en 1879 achève de transformer la fonction du président et en réduit les pouvoirs. Désormais, il désigne un chef de gouvernement en prenant en compte la majorité de l’Assemblée, il se prive de l’initiative des lois. C’est la fin du régime semi-présidentiel remplacé par un régime parlementaire comme l’illustre la démission de Millerand en 1924 acculé par les parlementaires. La République a un président privé de gouvernement  mais il en désigne les chefs. La faiblesse de l’exécutif, la volonté des députés de conserver le pouvoir et les crises empêchèrent les réformes.

Après la deuxième guerre mondiale, la quatrième République est née du combat de deux idées de constitution : une portée par le chef de gouvernement provisoire, Charles De Gaulle, qui l’exposa lors du discours de Bayeux du 16 juin 1946, en voulant rétablir un pouvoir exécutif fort. Suivant la constitution du 13 octobre 1946, le président du conseil et le Parlement ont l’initiative des lois, le droit de dissolution revient au conseil des ministres après avis du président de l’Assemblée. Le président désigne le président du conseil mais ce dernier est investi à la majorité absolue de l’Assemblée. Ce sont 18 gouvernements qui se succèdent en 12 ans.

C’est dans un contexte de guerre d’Algérie que De Gaulle est rappelé au pouvoir après la journée de manifestation de Français à Alger du 13 mai 1958. La quatrième République s’est enlisée dans le conflit algérien. Le statut du président de la Vème République lui permet d’avoir une autorité incontestable et de mettre fin à la guerre d’Algérie. Michel Winock  dans son article dans  l’Histoire n°372, qualifie la Ve République de « fille du FLN ».

Le président de la Ve République est le véritable chef de gouvernement en dehors des périodes de cohabitations.  Son statut est renforcé par un suffrage universel direct voté en 1962. Trois articles de la constitution le rendent plus fort :
L’article 11 lui permet de soumettre un projet de loi sur l’organisation des pouvoirs  par référendum.
L’article 12 lui confère le pouvoir de dissolution des Assemblées.
L’article 16 lui donne des pouvoirs exceptionnels en cas de crise grave.
Le statut du président de la Ve République jouit d’une légitimité  et d’une popularité qui émanent de son élection au Suffrage Universel. Cependant il est le reflet d’un paradoxe français qui, depuis 1792,  partage les citoyens entre personnification de l’État et rejet du pouvoir personnel. Cela soulève le problème du statut du chef de l’État et, à travers lui, la question du pouvoir exécutif.

Contexte historique :
La première élection du président de la Ve République au suffrage universel se déroule en décembre 1965. Le général de Gaulle achève son premier mandat présidentiel ; il avait été élu à la présidence sept ans plus tôt, le 21 décembre 1958, par un collège de grands électeurs. A l’Assemblée nationale, les gaullistes de l’UNR-UDT ont, avec leurs alliés Républicains indépendants, la majorité absolue. Georges Pompidou est Premier ministre depuis avril 1962.
Six candidats sont présents au premier tour :

  • Charles de Gaulle président sortant ;
  • François Mitterrand devient de fait le candidat unique de la gauche (soutenu par: la SFIO, le PCF) ;
  • Jean Lecanuet, candidat du Mouvement républicain populaire (MRP), qui représente les démocrates-chrétiens
  • Jean-Louis Tixier-Vignancour,  partisan de l’Algérie française ;
  • Pierre Marcilhacy, sénateur de la Charente ;
  • Marcel Barbu sans étiquette.

Cette élection est marquée par l’utilisation des médias et des moyens modernes d’information. Les candidats d’opposition apparaissent à la télévision (à l’époque 6 millions de postes de télévision, soit un foyer sur deux). Les sondages sont utilisés, ce sont eux qui annoncent le possible ballotage du Général de Gaulle.

La participation au premier tour est de 84,7% et au second tour de 84,3%. De Gaulle remporte les élections avec 55,2% des voix.

Les pistes pédagogiques

La dimension civique de ce thème permet l’étude du document à travers les programmes scolaires dans de nombreuses disciplines. Quelle place dans le programme ?

Au collège :

En Troisième :

En Histoire sur l’étude de la « La Ve République à l’épreuve de la durée » et en Éducation civique : « l’organisation des pouvoirs de la Ve République » et «  la République et la citoyenneté » (Nouveau programme).

Au lycée :

En Première :

Histoire Thème 5 – Les Français et la République
La République, trois républiques ,
La République et les évolutions de la société française

En ECJS , la notion de citoyenneté en classe de première.
Thème 1 (obligatoire) : Les institutions de la République
Thème 2 (au choix) : La représentation et la démocratie d’opinion
Thème 3 (au choix) : L’engagement politique et social

Nouveau programme de Première STI2D, STL et STD2A
Première partie, La France contemporaine – Histoire et éducation civique :
La Ve République : un régime politique inscrit dans la durée (question obligatoire)

Pistes d’exploitations pédagogiques possibles :
Pour l’article de journal :
De quel journal s’agit-il ? Quelle est la date de l’article? Quelle information fait la une ?
Rechercher qui sont les candidats et leur appartenance politique.
Quel est le taux d’abstention de cette élection? ( comparer avec les précédentes et les suivantes).
Pourquoi cette annonce paraît-elle surprenante ?

Pour les résultats des scrutins des deux tours.

  • Quelle est la particularité des votes des Arlésiens par rapport aux résultats nationaux ?
  • En quoi cela est-il révélateur des opinions  des électeurs de la ville d’Arles ?
  • Comparer avec l’appartenance politique du maire et du député de l’époque. Y-a-il une relation entre élection locale et nationale ?