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Les marchés existent depuis si longtemps que l’on peut difficilement retracer leur origine. Ils constituent, en effet, l’une des formes de commerce les plus anciennes et étaient autrefois, avec les foires, l’unique lieu de ravitaillement des habitants d’une ville. Nous ne conservons donc pas d’acte de création du marché d’Arles, l’un des plus importants de Provence.
Cependant, on sait que le marché existait en 1584, date à laquelle Henri III par ses lettres patentes* (FF5 n°1), conservées aux Archives communales, l’officialise et lui donne une existence légale (toute création de marché devait normalement être précédée d’une requête adressée au roi qui, seul, pouvait l’autoriser) : « Henry par la grâce de Dieu roy de France…instituons et établissons chacun an deux foires…et deux marchés chacune semaine savoir l’un le samedy comme il est à présent l’autre le mercredy asquels jours de foires et marchés on pourra vendre acheter et distribuer toutes manières ou espèces de marchandises licites et non prohibées… ».
Un mémoire de 1752 (FF7) confirme l’ancienneté du marché du samedi à Arles et en précise les modalités ; il montre aussi l’importance de ce marché et la variété des produits que l’on y trouvait : « Le marché qui se tient le samedy de chaque semaine dans la place au devant l’hôtel de ville a été de tous les temps… Les heures de sa tenue sont depuis la pointe du jour et n’excèdent guère celle du midy, par la raison que les habitans de la campagne et les étrangers s’empressent de se retirer chez eux le même jour. On y vend toutes sortes de fruits, de légumes, d’herbes potagères, du cochon fraix et salé, du poisson salé, des plansons [plançons ou jeunes plants] de muriers, d’arbres fruitiers, d’ouvrages en fer pour la campagne, d’ouvrages en fer blanc, des souliers de toute espèce et enfin des ouvrages de bijouterie et quincaillerie, il y a aussy des fripières, des ventes de meubles, effects, bestiaux et attraits de campagne ».
A côté de ce marché où se vendaient toutes sortes de produits, il a existé au XIXè un marché aux bestiaux qui se tenait le mardi et surtout un marché aux moutons le samedi ; celui-ci perdurait encore au début du XXè siècle.
*Lettres patentes : sous l’Ancien Régime, décision royale sous forme de lettre ouverte, scellée du grand sceau, qui accorde ordinairement une faveur au destinataire.
Mais le marché ne s’est pas toujours tenu là où il est à présent. Les problèmes d’encombrement, de circulation et les nuisances qu’il occasionnait aux riverains, l’a fait peu à peu migrer du centre ancien aux Lices ; les Archives de la ville conservent plusieurs pétitions adressées au maire à ce sujet par les habitants au XIXè siècle.
Au cours des siècles, il s’est ainsi déplacé, passant successivement de la Porte-Agnel à la Porte du Marché-Neuf (actuelle rue du Président Wilson), du Marché-Neuf à la place Royale (actuelle place de la République qui s’est longtemps appelée place du Marché), puis gagnant la place des Portefaix ou place des Hommes(actuelle place du Forum) et le plan de la cour, avant de revenir place du Marché-Neuf et de s’étendre aux Lices.
Voir le détail de cette évolution en fin d’article.
La police des marchés est dévolue à l’autorité municipale, incarnée par les consuls avant la Révolution puis, depuis le XIXè siècle, par le maire. C’est lui qui fixe le jour, l’heure et la place où les denrées devront être vendues et, d’une manière générale, prescrit toutes les mesures d’ordre, d’hygiène et de police qu’il juge nécessaires. Il reçoit pour cela le concours de la police.
Déjà au XVIIIè siècle, un document d’archives (FF7 folio 89) précise : « Le capitaine du guet ou son lieutenant sont présents à tous les marchés pour y faire exécuter les statuts et règlements de la police ».
Les commerçants qui fréquentent les marchés sont soumis à une législation spéciale qui vient s’ajouter à la réglementation du commerce ordinaire. Il doivent respecter différentes règles et formalités.
Ces règles ont de tous temps fait l’objet de contestations. D’une part parce que le marché a toujours représenté un enjeu économique important ; ainsi, était-il considéré par certains commerçants sédentaires de la ville comme une concurrence, le plus souvent déloyale. Les commerçants ambulants eux-mêmes avaient de nombreuses récriminations relatives à l’organisation du marché, son emplacement, le jour de sa tenue, ses horaires, le montant des droits de place…. Le moindre changement était également source de mécontentement.
Les conditions de vente en extérieur n’ont cessé de poser des problèmes d’hygiène particuliers. C’était à l’autorité municipale de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la salubrité publique. La vente des denrées périssables et notamment de la viande, du poisson et des coquillages, a toujours fait l’objet d’une surveillance accrue et a été de plus en plus sévèrement réglementée. Voici un extrait du registre du Bureau d’hygiène municipal, chargé de veiller au respect des règles d’hygiène sur le marché, qui relève une infraction en septembre 1924 (J286) :
« Un corbeillon d’anguilles se trouvant dans un état de décomposition avancée a été saisi, dénaturé et jeté à la voirie ».
Les commerçants ambulants ont dû adapter leur activité à l’évolution des normes d’hygiène et de sécurité.
Pendant longtemps, on a vendu beaucoup d’animaux vivants sur le marché : moutons, chèvres, chevaux, mulets, volailles, lapins…. Il y avait même un marché aux petits cochons tous les samedis ; en 1938, il occupait 20 mètres à partir de l’entrée du jardin d’été en remontant vers la Croisière. Mais, dès la fin du XIXè siècle, certaines voix s’élevèrent pour dénoncer le traitement infligé à ces animaux. En atteste cet extrait d’une délibération du Conseil municipal de 1890 qui tend à l’améliorer le traitement des agneaux apportés sur les marchés (D34, folio 126) : « Le maire a reçu lapromesse de divers propriétaires qu’à l’avenir les agneaux seraient amenés dans des cages au lieu d’être exposés sur le sol les pieds liés ».
Cette lente prise de conscience aboutira à réglementer de plus en plus le transport et la vente des animaux sur les marchés afin d’améliorer leur condition.
La fixation des droits de place sur les marchés devait faire l’objet d’une décision du conseil municipal, insérée dans un cahier des charges ou un arrêté du maire. Les droits de place étaient perçus, soit directement par les employés municipaux lorsque les foires et marchés étaient en régie directe, soit par des adjudicataires-placiers, lorsqu’ils étaient en adjudication.
Au XIXè siècle, la perception des droits de place sur le marché d’Arles était le plus souvent affermée par adjudication selon un cahier des charges établi par le Conseil municipal et approuvé par le Préfet.
Au XXè siècle, au contraire, la ville a perçu elle-même les droits de place sur le marché.
Sous l’Ancien Régime, c’est le bourreau ou exécuteur de la haute justice qui disposait du droit de « havage », l’autorisant à prélever une poignée sur certaines denrées arrivant sur les marchés (grains, légumes, fruits, oeufs, poissons, volaille, fromage, bois, charbon, etc.). En contrepartie de ce droit, le bourreau devait généralement surveiller les marchés et nettoyer ensuite les immondices.
Mais il y avait quelquefois des abus, comme le relate cet arrêt du Parlement de Provence de 1772 (FF3 folio 288) : « Celui (l’exécuteur) d’aujourd’hui… commet les abus les plus criants au point qu’il a été vérifié qu’il se faisait payer arbitrairement par les étrangers à qui il demande tantôt trois ou quatre sols, tantôt douze ou vingt-quatre, et quelque fois bien davantage, et quoiqu’il ne puisse prétendre son droit qu’à raison des fruits frais ou secs, œufs, volaille, gibier, fromage, légumes, hortolage ; il l’exige néanmoins de la chair de cochon, de la vaisselle de terre, et de plusieurs autres denrées ou marchandises ; il soumet à son exaction les Gens de la Ville comme les Etrangers ; il va attendre ceux-ci au Fauxbourg ou sur les grands Chemins, et les force à payer tout ce qu’il trouve bon… ».
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le marché a été maintenu à Arles le mercredi et le samedi ; toutefois, la réglementation s’est faite plus stricte et l’approvisionnement plus difficile. En témoigne cet extrait du rapport journalier de police du 5 juin 1944 (J135) : « La population ne cache pas son extrême mécontentement au sujet de la mauvaise organisation du ravitaillement de la ville. Elle ne s’explique pas notamment, étant donné la saison, le manque presque total de légumes et de fruits sur le marché et manifeste son inquiétude pour les jours à venir si cette situation ne se modifie pas ».
En effet, la convention d’armistice franco-allemande du 22 juin 1940 fixait le principe de la contribution financière de la France à l’entretien des troupes d’occupation et subordonnait l’économie française à l’effort de guerre du Reich. Rationnées, la plupart des denrées étaient distribuées contre des « tickets » ; les cartes de rationnement étaient attribuées mensuellement par les services municipaux, en tenant compte de l’âge et de l’activité des gens. Le service du rationnement était notamment chargé de délivrer la carte familiale de fruits et légumes, instituée par arrêté du Maire en 1942 et qui devait être présentée pour tout achat. Parallèlement s’est instauré le trafic de marchandises qui échappaient ainsi au marché officiel pour entrer dans le « marché noir ». Les restrictions alimentaires s’intensifièrent jusqu’à la fin de la guerre et les problèmes de ravitaillement se prolongèrent jusqu’en 1952.
Si le marché est bien connu pour ses fonctions économiques, il joue depuis toujours un rôle social et culturel essentiel du fait des relations qui se tissent entre les différents acteurs.
C’est aussi sur la place du marché que, sous l’Ancien Régime, certains condamnés devaient purger leur peine en public, comme l’atteste cet arrêt du Parlement de Provence (FF3) qui, en 1773, condamne Esprit Thomas et Marie Barral à être exposés au carcan* trois jours de marché consécutif, pendant une heure, pour crime d’usure : « … lesdits Thomas et Barral atteints et convaincus des cas et crimes d’usure et concubinage scandaleux à eux imputés, pour réparation desquels les a condamnés à être livrés ès mains de l’exécuteur de la haute Justice pour être exposés au Carcan trois jours de marché consécutifs, pendant une heure, ayant un et l’autre un écriteau sur le front, portant ces mots usurier insigne, et ensuite à être et demeurer bannis à perpétuité de cette Ville, celle de Marseille et leurs terroirs, leur a fait inhibition et défenses d’y hanter n’y fréquenter, et de commettre à l’avenir semblables crimes, sous plus grande peine…“.
*Le carcan était un collier métallique servant à attacher un condamné en l’exposant à l’infamie d’une humiliation publique, généralement dans un lieu public très fréquenté. Il est un signe de haute justice qui ne sert pas à mettre à mort.
Le marché est aujourd’hui encore un lieu d’animation, considéré comme un haut lieu de sociabilité, lieu de rencontre, de consommation, de plaisir, lieu de spectacle et d’affrontement. De nos jours, toutes sortes de mouvements viennent y faire entendre leur cause, des tracts y sont distribués et les hommes politiques arpentent le marché à l’approche des élections.
1227-1349 Portagnel
Le quartier était dénommé « marché, voisin des arènes et du bourg neuf »
XVe s. Marché-Neuf
Après l’annexion du Vieux Bourg, le rempart séparant le Vieux-Bourg (Roquette) de la Cité (centre ville) a été détruit. Sur son emplacement et sur une partie de l’ancien jardin du couvent des Trinitaires est établi un marché nouveau qui remplaçait celui de la Porte-Agnel.
9/8/1500 Place Royale (place de la République)
Par délibération la maison appartenant aux descendants du marchand de fer fut achetée par l’archevêque et la municipalité, puis démolie pour agrandir la place où fut installé le marché. Celui du Marché-Neuf fut alors délaissé.
1640 Forum
Le marché est de nouveau déplacé pendant les travaux de la place de l’hôtel de ville et de l’archevêché. Il est alors installé sur la place aux herbes (Forum) qui accueillait déjà un marché.
Au Moyen Âge la place du Forum était dénommée place des fruits ou des herbes, ou place du setier. Il s’y tenait un marché aux légumes (herbes), aux fruits et aux plantes médicinales. On y vendait aussi des céréales que l’on évaluait avec une mesure en bois (Sétier).
Fin XVIIe Place Royale, plan de la cour, place du forum
Le marché réinvestit la place Royale mais continue place du Forum et plan de la cour.
12/9/1726 Etablissement d’un marché supplémentaire le mardi
« On avertit le public, qu’il y aura Marché le mardi de chaque semaine, outre celui du samedi, que les marchands, Marchandes, Chauderonniers, Courettiers, Jardinières, Fructières, Revendeuses et autres personnes de cette ville, qui ont accoutumé de venir au Marché du samedi, pour vendre et étaler leur marchandises, fruits, denrées, gibiers, poulailles, doivent se rendre à celui du mardi, pour y étaler leur marchandises, fruits, denrées, poulailles, à peine d’être privés de pouvoir venir vendre à celui du samedi ». (FF5, non folioté)
Révolution Rue en face de la grande poissonnerie (rue des Porcellets)
« La Révolution ayant été un prétexte de licence pour faire selon le grè d’un chacun, les changements qui pouvaient luy être avantageux, il fut placé dans la rue qui est en face de la grande poissonnerie, les débitans de ces denrées, et par là ils furent retirés de la place aux herbes ». (J151, pétition 9/1/1808)
9/1/1808 Place Napoléon et place aux herbes
Le quartier de la poissonnerie étant à l’extrémité de la ville
« la mairie actuelle ayant mis au rang de ses devoirs le renouvellement des ordonnances de police fixa son attention à rétablir le débit journalier des dits fruits, herbes, légumes et autres objets dans la dite place… il leur est enjoint de se retirer, savoir les jours de marchés publics à la place Napoléon [place de la République] et les autres jours de la semaine à la place aux herbes [forum] ». (J151, pétition 9/1/1808)
1824 Projet de transformer l’ancienne église Sainte-Anne en halle
L’autorité municipale se propose de transformer le local occupé aujourd’hui par le Musée en une halle et de transporter les antiquités dans le cloître de Saint-Trophime
28/5/1866 Tenue d’un marché supplémentaire aux herbes et légumes sur la place du Saint-Esprit (actuelle place Voltaire)
« Vu la délibération du 13 février 1866, le Maire de la ville d’Arles porte à la connaissance du public que le marché aux herbes et légumes qui se tient sur la place Royale, le mardi et le samedi, sera également tenu à l’avenir sur la place du Saint-Esprit, le lundi et le jeudi de chaque semaine ». (affiche 129)
22/10/1868 Marché-Neuf
Devant les problèmes posés par la circulation et l’occupation des rues adjacentes de la place du Marché-Neuf, le maire d’Arles arrête de déplacer le marché sur la place du Marché-Neuf. Ne sont maintenus sur la place royale que les herbages, légumes et fruits de menu détail, les marchands en gros devront exclusivement se tenir sur l’esplanade du Marché-Neuf et de la Lice.
(J151, extrait du registre des arrêtés 22/10/1868)
1873 Fin du marché sur la place de l’hôtel de ville ?
« Les marchands de poulets, canards et de lingerie se sont peu à peu mis jusque près de l’église Saint-Trophime et sur les trottoirs de la place de l’hôtel de ville. Ils ont été avertis de ne plus s’y mettre à l’avenir ».(J19, rapport du commissaire central du 23 au 26 juillet 1873)
21/1/1969 Étude sur le transfert du marché du samedi sur le boulevard Émile Combes avec utilisation partielle du boulevard des lices coté jardin d’été
« Le nouveau pont sur le Rhône va créer sur le boulevard des Lices et le boulevard Clémenceau un accroissement de la circulation avec lequel le stationnement sur la chaussée principale des voitures de forains sera incompatible ». (F99 et 67w82)
11/08/2001 Piétonnisation du marché
Archives communales d’Arles
Musée Réattu