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Histoire, International, Vie locale
Publié par fbourguet le
Le 8 février 1982 à Mas-Thibert s’éteignait Saïd Boualam, homme politique et militaire, figure tutélaire des Harkis, connu sous le nom de Bachagha (« haut dignitaire »). Hier, mardi 8 février 2022 jour anniversaire de sa mort, sa tombe – des plus modestes dans le cimetière du village – était recouverte de fleurs et un des lieux de recueillement lors de la journée d’hommage à sa mémoire initiée par Le Souvenir Français, association du souvenir des soldats morts pour la France.
Ce moment, où a résonné l’histoire de la communauté harkie qui s’est engagée pour la France pendant la guerre d’Algérie, s’est déroulé en présence des familles et amis, d’élus d’Arles, du Département, de la Région, des représentants des anciens combattants avec une vingtaine de porte-drapeaux, de Serge Barcellini, Contrôleur général des armées (2e) et Président général du Souvenir Français.
« Vous êtes dans le cœur battant, dans le cœur vivant de toutes les familles de Harkis », a dit Patrick de Carolis, le maire d’Arles. Monica Michel-Brassart, députée des Bouches-du-Rhône a dans son discours parlé de son admiration pour le Bachagha Boualam et fait référence à des passages de son livre Mon pays, la France : « Nous l’avons défendue ensemble, dans les plis du même drapeau […] Je suis un Français moyen. J’essaie de m’habituer au soleil de la Camargue et d’oublier ». Tandis que plusieurs personnes issues de la troisième génération des Harkis exprimaient leur impatience pour que leur communauté soit considérée comme il se doit des deux côtés de la Méditerranée. D’entrée les prises de parole fortes, franches et émouvantes, à la salle polyvalente de Mas-Thibert, ont marqué la cérémonie qui a eu aussi pour point de ralliement le Monument aux Morts et le Mazet où se trouve la stèle, dressée par l’Arapa*, à l’emplacement des anciens baraquements des 105 familles installées à cet endroit à leur arrivée d’Algérie il y a 60 ans.
La fin de la guerre d’Algérie et son indépendance, autre anniversaire célébré cette année, hautement symbolique pour Serge Barcellini qui voit là une nouvelle étape dans le processus de reconnaissance de l’histoire des Harkis, mais insiste-t-il correspond à un cap difficile à passer. « Un 40e anniversaire, c’est bien car il y a encore des acteurs, au 70e il en reste quelques-uns mais entre temps, au 60e anniversaire, il y a beaucoup d’angoisses mémorielles », explique le défenseur de la mémoire des Harkis qui œuvre à leur réhabilitation avec acharnement. En même temps que ces commémorations, nous sommes à l’heure d’un projet de loi débattu au Sénat et à l’Assemblée Nationale portant sur la mise en place d’une politique de réparation vis-à-vis des Harkis. Elle est d’ordre financier autant que moral. Le mot « pardon » a été prononcé à de multiples reprises, le 8 février à Mas-Thibert.
*Association des rapatriés et leurs amis du Pays d’Arles
Retrouvez le reportage photos ici.
Photo à la Une : P. Praliaud – Ville d’Arles