Histoire

Se souvenir des tsiganes internés au camp de Saliers

Le 23 mai 2025, s'est déroulée la cérémonie en souvenir des tsiganes internés au camp de Saliers. Un moment d'hommage pour "refuser la peur de l'autre".

Publié par Marie-Pierre Garrabos le


Comment imaginer, quand la Camargue déploie ses plus belles couleurs sous un soleil de printemps, qu’ici, 700 hommes, femmes, enfants, furent enfermés, dans des conditions indignes, simplement parce qu’ils étaient tsiganes ? Comment peut imaginer des bébés de quelques jours, vivant leurs derniers instants dans ces baraquements sans eau ni chauffage ?

C’est parce qu’il est indispensable de ne pas oublier “cette blessure dans notre mémoire nationale” selon Yohan Sallès, président du Comité des tsiganes de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur que se tient, tous les ans, cette cérémonie à la mémoire des tsiganes internés dans le camp de Saliers entre 1942 et 1944, sur décision du gouvernement français.

De ces 24 cabanes, édifiées en 1942, il ne reste plus rien. L’hommage, qui réunissait le 23 mai 2025, la sous-préfète d’Arles, Marie-Cécile Lenglet, le maire d’Arles, Patrick de Carolis, le premier adjoint et des élus du conseil municipal, le député Emmanuel Taché de la Pagerie, la présidente du CRDA (Centre de la Résistance et de la Déportation d’Arles et du pays d’Arles) et de nombreux descendants de ces victimes du nazisme, se tient devant le mémorial conçu par l’artiste arlésien Jean-Claude Guerri et édifié en 2006.

A côté des discours qui disaient l’indispensable nécessité de commémorer pour faire vivre la mémoire, et de se souvenir que 600 000 tsiganes ont été assassinés dans les camps nazis, s’est élevée aussi la voix des tsiganes qui demandent, à figurer aussi, dans les livres d’histoire. “Nos enfants, comme nous avant eux, ne connaissons la tragédie vécue par nos parents que par la tradition orale“.” a rappelé Sylvie Debart, de l’Association nationale des gens du voyage citoyens. “Or les tsiganes se sont battus pour le drapeau français depuis Napoléon, ont été soldats, résistants, déportés pendant la seconde guerre mondiale. Ce sont des citoyens français à part entière.

La cérémonie s’est achevée par la citation des noms et des âges de toutes les personnes qui ont perdu la vie dans le camp de Saliers, énumérée par le prêtre des Saintes-Maries-de-la-Mer, qui accueille, le lendemain de la cérémonie, le 24 mai, le pèlerinage des gitans. Avant que ne retentissent, l’hymne national et “Djelem, djelem”, l’hymne des gitans.