Culture / Patrimoine, Vie locale

La Ville ressuscite des peintures caravagesques

Publié par fbourguet le


Après un important chantier de restauration, trois tableaux du maître flamand Finson, réalisés à Arles au XVIIe siècle et conservés à l’église Saint-Trophime, vont rejoindre de grandes expositions.

De droite à gauche : Sophie Aspord, adjointe au maire déléguée au Patrimoine, Carole Nanni, médiatrice culturelle, Danièle Amoroso, restauratrice d’oeuvres d’art dans la chapelle des Rois à l’église Saint-Trophime. Photo P. Praliaud – Ville d’Arles

L’artiste peintre Louis Finson, aussi appelé Ludovicus Finsonius à Bruges sa ville d’origine, a doté Arles en 1614 de trois œuvres considérées aujourd’hui comme majeures. Les conservateurs du patrimoine venus mercredi 23 novembre 2023 faire une visite de reconnaissance dans l’église Saint-Trophime, où elles sont accrochées, sont restés bouche bée en les découvrant, rapporte la restauratrice d’œuvres d’art, Danièle Amoroso. Celle-ci chargée par la Ville d’évaluer l’état des toiles est persuadée de leur valeur depuis le début de son travail qui consiste à analyser les moindres détails de ces peintures classées au titre des Monuments Historiques. Ce sont La lapidation de saint Etienne (patron de l’église Saint-Trophime), L’adoration des mages et L’Annonciation. Perchée sur un des deux échafaudages – dont un haut d’une quinzaine de mètres dans la nef centrale – la restauratrice livrera à la fin de sa mission le 28 novembre, des préconisations pour la restauration prévue au Centre interdisciplinaire de conservation et de restauration du patrimoine à Marseille.

L’ombre du Caravage

Après leur restauration, les trois tableaux seront présentés au public dans le cadre d’expositions internationales. La première est prévue pendant l’été 2026 au musée Capodimonte à Naples, la deuxième au musée des Beaux-Arts de Marseille à l’automne 2026, la troisième au Groeninge Museum de Bruges au printemps 2027, puis ce sera à Arles. Autant dire que ces pièces vont connaître une nouvelle jeunesse et côtoyer d’autres chefs-d’œuvre. Le regain d’intérêt dont ces peintures font l’objet est dû entre autres à la personnalité et au talent de leur auteur, Louis Finson (1575-1617), maître flamand voyageur formé également en Italie, et notamment auprès du génial et sulfureux Caravage. Les spécialistes s’accordent à penser que le réalisme qui caractérise les compositions de l’artiste italien se retrouve dans les créations de Finson, et pas seulement. Dans le programme de cette mise en lumière juste commencé, tout un travail de compréhension sur d’autres influences va être aussi mené. « La Ville a la volonté de faire sortir de l’oubli le mobilier historique et liturgique qu’elle possède. Il y a à Arles, comme ici à l’église Saint-Trophime, des richesses trop longtemps ignorées que nous devons entretenir, valoriser, partager avec le public. Ces tableaux exceptionnels sont une priorité » souligne Sophie Aspord, adjointe au maire déléguée au Patrimoine.

A l’heure des premières conclusions, Danièle Amoroso estime que les toiles n’ont pas subi de trop graves dégradations, néanmoins la prise en charge par des restaurateurs est nécessaire afin de restituer à ces oeuvres une partie de leur splendeur.

Le coût du chantier actuel entrepris par la Ville d’Arles s’élève à 19 380 euros financés à 50% par la Drac Paca et à 25% par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône.

Photo à la une : P. Praliaud – Ville d’Arles