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Van Gogh les a peints, Bernadette Murphy raconte leur vie

Historienne spécialiste de la période arlésienne de Van Gogh, l'irlandaise Bernadette Murphy sort un nouvel ouvrage. Dans "Le café de Van Gogh", elle retrace le destin des hommes et des femmes que Van Gogh a peints. Une façon d'écrire la vie à Arles, à la fin du XIXème siècle.

Publié par Marie-Pierre Garrabos le


La vie est parfois plus compliquée que ce que l’on imagine“. En ce qui concerne Van Gogh, Bernadette Murphy en sait quelque chose, elle qui explore depuis plus de 10 ans le séjour du peintre néerlandais à Arles. Elle publie ces jours-ci chez Actes Sud, la deuxième enquête qu’elle consacre à cette courte période de la vie de Van Gogh, un peu plus d’un an du 20 février 1888 au 8 mai 1889.

Après avoir rendu compte minutieusement du séjour du peintre à Arles dans son premier ouvrage, L’oreille de Van Gogh (éditions Actes Sud), elle s’est attachée, dans Le café de Van Gogh, à retracer le destin des 14 femmes, hommes et enfants dont Van Gogh a fait le portrait. Pour deux d’entre eux, la mission s’est avérée impossible mais pour les 12 autres, les 6 ans de recherches ont été fructueuses et permettent de révéler les liens plus ou moins officiels entre ces personnages et surtout, de raconter la vie dans une petite ville, Arles, à la fin du XIXème siècle. “C’est l’essor du chemin de fer, l’émergence d’une classe moyenne, les femmes qui commencent à acquérir davantage de droits“, décrit cette conteuse hors-pair.

Portraits novateurs. Pourquoi et comment choisit-il ses modèles ? pourquoi a-t-il peint deux tableaux presque identiques de Madame Ginoux ? Quels liens entretenait-il avec chacun d’entre eux ? Si les modèles sont des gens simples, de ceux qu’on croise tous les jours dans la rue, leurs portraits sont extrêmement novateurs. Le livre sort d’ailleurs quelques mois avant une très grande exposition, présentée à partir de mars 2025 à Boston puis à Amsterdam en septembre, exclusivement consacrée aux portraits des membres de la famille Roulin. Van Gogh fréquentait le père, employé des Postes, au Café de la Gare et s’est employé à le peindre plusieurs fois, ainsi que sa femme et ses trois enfants.

Qui était Monsieur Vincent ? En s’attachant à mieux connaître ses modèles, Bernadette Murphy dévoile encore des pans de la personnalité de ce génie de la peinture, sur lequel beaucoup de légendes circulent toujours. L’historienne s’attache ainsi à les démonter, pour s’approcher au plus près de l’homme qui à Arles, était connu sous le nom de “Monsieur Vincent”.

Comme pour son précédent ouvrage, Bernadette Murphy a exploré les services d’archives dont celui de la Ville et son service du cadastre, retrouvé et contacté les descendants de tous ces contemporains de Van Gogh, sollicité les musées du monde entier où se trouvent certaines de ses oeuvres. Elle l’a révélé son souci du détail dans la conférence qu’elle a donnée le 5 novembre, en salle d’honneur de l’hôtel de ville (“là où se sont mariés M. et Mme Ginoux, les tenanciers du Café de la gare” livre l’historienne) sur la vie à Arles quand Van Gogh y séjournait. Le maire d’Arles, Patrick de Carolis, a trouvé le mot juste pour la présenter : “Bernadette Murphy est la plus obstinée des historiennes“.

Le Café de Van Gogh, 15 x 20,5 cm / 400 pages / 26 €. éditions Actes Sud.