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Entretien avec François Berléand, parrain du Festival du Dessin 2025

Pour sa troisième édition, l'événement sera associé à son nom. Le comédien François Berléand prépare en ce moment son prochain rôle : il sera le parrain du Festival du Dessin qui se tiendra du 12 avril au 11 mai prochains. Derrière ses plus grandes interprétations, François Berléand nourrit une autre passion : la peinture et le dessin.
À un mois de l'ouverture du Festival, l'acteur-collectionneur répond à nos questions.

Publié par Aude Pauly le


Vous serez bientôt à Arles pour la 3ème édition du Festival du Dessin. Connaissez-vous déjà la ville ?

Je suis déjà venu à Arles, oui, bien sûr ! J’ai beaucoup d’amis qui habitent à Arles. Ce sont d’ailleurs des gens du cinéma, du théâtre, qui ont décidé de quitter Paris pour aller vivre dans votre très belle ville ! Quelques fois je viens chez eux, et puis je reste la nuit, ou pour un dîner. Donc je connais un petit peu votre ville… Pas très bien, il faut dire ce qui est. Mais je l’ai déjà sillonnée, voilà !

Y’a-t-il des lieux en particulier que vous avez visités et dont vous vous souvenez ?

Il y a les arènes, il y a un musée… Je me suis beaucoup promené dans les rues, je trouve la vieille ville tellement jolie. C’est une ville qui me plaît. Il y a le théâtre aussi. Je crois que j’y ai joué il y a très longtemps, dans les années 1975. Je ne crois pas, j’en suis sûr !

Le musée que vous évoquez, c’est peut-être le Réattu où le dessin que vous prêtez pour le Festival sera exposé. Justement, le Festival du Dessin, pourquoi avoir accepté d’en être le parrain ?

Un très grand collectionneur de dessins qui s’appelle Edwart Vignot m’a demandé d’être parrain. Il m’a dit « c’est un moment assez formidable dans sa vie que d’aller voir ces expositions ». Il est notamment président de la société des Amis du Musée Eugène Delacroix. Moi j’ai acheté un dessin de Degas par lui. J’ai 6 ou 7 dessins de grands peintres. Et il y en a 2 qui ont été achetés grâce à lui. Donc il m’a proposé, et quand il me demande quelque chose je le fais.


Quand votre passion pour la peinture et pour le dessin a-t-elle débuté ?

Pour moi la passion de la peinture ça remonte au début des années 80, même avant. J’habitais à côté de Beaubourg (Centre Pompidou) quand il a ouvert. J’y allais sans arrêt. J’allais tout le temps dans les musées quand j’étais petit avec mes grands-parents. J’ai une culture picturale depuis que je suis tout jeune, qui n’a fait qu’augmenter. Dans les années 80 je suis allé dans les pays de l’Est où j’ai pu acheter des œuvres, puisque je n’avais pas d’argent à l’époque. Et là-bas ça ne coûtait vraiment rien, parce qu’il suffisait de payer en liquide, en francs, pour qu’on puisse emporter une œuvre. Donc j’ai acheté mes premières œuvres dans les pays de l’Est. Et puis en France j’ai vendu, j’ai racheté, et puis j’ai gagné mieux ma vie et j’ai pu m’offrir des dessins de grands peintres et des tableaux parce que j’ai une passion pour les tableaux. J’en ai peut-être un peu trop d’ailleurs !

Et votre collection, de quels trésors, que ce soit en véritable valeur ou juste à vos yeux, se compose-t-elle ?

A vrai dire moi je suis très éclectique. Grâce au fait d’avoir été au Louvre quand j’était petit, j’aime la peinture classique, et puis j’aime aussi la peinture contemporaine. Les tableaux chez moi ça va de Pickenoy qui est un grand peintre flamand, à des artistes que personne ne connaît, en passant par Calder, j’ai la chance d’avoir un Vuillard, j’ai Degas, j’ai Delvaux, Derain, Vallotton, Van Rysselberghe, et j’ai un Kline que je prête.

Ce prêt que vous faites au Festival justement, pouvez-vous nous en parler un peu plus ? Déjà, comment l’avez-vous sélectionné ?

C’est un dessin de Franz Kline qui est un autoportrait. Kline était quelqu’un qui travaillait beaucoup les traits noirs. Et là on a un autoportrait avec un dessin très sobre. Mais ce qui est extraordinaire c’est que ça lui ressemble incroyablement alors qu’il y a quelque chose qui est assez brut. C’est donc en noir et blanc, au fusain, c’est un dessin qui est assez morbide. Il avait une personnalité assez noire, Kline, et quand je l’ai vu, j’ai tout de suite dit « je le prends ! », parce qu’il m’a bouleversé. Et plus on se rapproche de lui, plus on regarde, plus on sent un homme qui est d’une tristesse incroyable. C’est vraiment très émouvant comme dessin. Et je l’ai choisi parce que c’est mon préféré dans tout ce que j’ai. C’est un artiste qui n’est pas très connu en France, parce qu’il n’y a pas beaucoup d’œuvres de lui exposées. Il y en a une à Beaubourg. Mais c’est un peintre américain très important dans l’histoire de l’art. Et voilà, je voulais le soumettre au regard des autres.

Depuis quand l’avez-vous ?

Je l’ai depuis novembre 2015, bientôt 10 ans.

Cela vous est-il déjà arrivé auparavant de prêter l’une des œuvres que vous possédez ?

J’ai déjà prêté un dessin de Degas pour le musée Toulouse-Lautrec à Albi. C’est Edwart Vignot qui m’avait appelé, comme il savait que je l’avais. Pour cause, c’est grâce à lui que je l’ai acheté. Paradoxalement, je suis un amateur, mais je ne suis pas un super connaisseur. En plus je suis tellement mauvais peintre malheureusement. Parce que je trouve que le plus vieil art qui existe au monde c’est le dessin, et je suis incapable de dessiner quoi que ce soit, ne serait-ce que de pouvoir faire un croquis. J’ai essayé, je n’y arrive pas, je n’ai pas la technique, je n’ai aucune précision dans mes gestes. Je préfère les admirer, c’est bien plus simple, et puis surtout c’est intéressant de voir l’œuvre d’un artiste se déployer. Pour certains que je suis depuis 15 ou 20 ans, voir la maturité qui arrive, la façon de se développer dans son art, c’est formidable je trouve. Par exemple le Degas c’est un dessin préparatoire à une toile, une course de chevaux. J’ai vu le tableau final, et effectivement je vois le dessin préparatoire dans ce tableau, c’est extraordinaire. C’est pour ça que le dessin par des grands peintres c’est intéressant, parce qu’en général ça va servir pour plus tard.

Et parmi les artistes qui seront exposés pendant le Festival, y’a-t-il certains noms que vous connaissez ?

Je ne savais pas que Jean Moulin dessinait, et j’ai vu qu’il y avait Jean Moulin. Evidemment je connais Folon. Qui ne connait pas Folon en France ! Je trouve très beau ce qu’il a fait, c’était un dessinateur extraordinaire. Je suis allé en Belgique dans sa maison où il y a quelques œuvres qui sont exposées. Et il y a Nadia Léger dont je connais le travail, parce qu’il y a une exposition en ce moment à Paris.   

Quel parrain du Festival du Dessin serez-vous ?

Bienveillant en tous les cas. Et puis découvrir des œuvres que je ne connais pas, être à la rencontre des gens, parler de notre passion commune pour le dessin. Déjà je serai là, c’est formidable, parce que je devais tourner. En fin de compte je serai disponible, j’en suis sûr à 99,9%. Donc je pense que vraiment je serai présent le temps de l’inauguration, et puis le lendemain, et le surlendemain.

Programme détaillé et infos pratiques sur le site du Festival du Dessin.
La 3ème édition, parrainée par François Berléand, aura lieu du 12 avril au 11 mai 2025.