Les Rencontres d’Arles à nouveau en grand format

Publié par Marie-Pierre Garrabos le


« Les Rencontres reprennent leur vrai visage, retrouvent le grand format et j’en suis heureux ! » a salué d’emblée le maire d’Arles, Patrick de Carolis, en accueillant, le 22 mars en salle d’honneur de l’hôtel de ville, la conférence de presse de la 53ème édition des Rencontres d’Arles. Après avoir remercié les fondateurs du festival « d’avoir fait d’Arles cette vitrine de la photo » et salué ceux qui « au fil des ans, en ont fait un immense rendez-vous« , le maire d’Arles a rappelé l’attachement de la ville à offrir au festival les conditions de sa pérennité et de son développement : « nous travaillons sur une convention pluri-annuelle de mise à disposition des locaux pour les expositions et à l’installation de l’équipe aux Papeteries Etienne.« 

Mandy Graillon, conseillère départementale représentant la présidente Martine Vassal et Cyril Juglaret, conseiller régional représentant Renaud Muselier, ont également fait part de l’engagement de leurs collectivités auprès des Rencontres et de la chance qu’il représentait pour le territoire.

Rendre compte des soubresauts du monde. C’est en effet une chance d’avoir, grâce au Festival, tous les ans, les photographes qui rendent compte des « soubresauts du monde » a précisé Christoph Wiesner – un engagement qui prend d’autant plus de sens alors que la guerre frappe l’ Ukraine, aux portes de l’Europe, depuis près d’un mois. « Révéler le visible et l’invisible, témoigner, décrypter » c’est donc le rôle des photographes et du festival qui les accueille. Cette année, au fil des 40 expositions, les Rencontres provoquent, bousculent les ordres établis et les idées reçues : le festival met en avant des femmes photographes, figures illustres, artistes oubliées ou jeunes talents à découvrir. A travers notamment l’exposition réalisée à partir de la collection Verbund qui réunit le travail de 72 artistes pour laquelle la photographie a été un outil majeur d’émancipation. Il permet aussi de découvrir des oeuvres singulières (celle de Bettina Grossman, de Frida Orupabo, de Barbara Iweins), des regards sensibles sur l’humain, comme celui du photographe ghanéen James Barnor, ou encore des documents inédits sur l’état de la nature, comme Ritual Inhabitual alerte sur l’expansion de l’exploitation forestière industrielle au Chili, ou encore le travail de Bruno Serralongue autour du combat des Sioux contre l’implantation de pipelines sous leurs territoires.

« Si Les Rencontres sont aussi un laboratoire de soutien à la création, le festival poursuit sa relecture de l’histoire, a complété Christoph Wiesner, en présentant deux expositions majeures de l’édition : celle consacrée à Lee Miller, photographe de studio mais aussi de guerre, qui accompagna les troupes américaines jusqu’à la libération des camps de la mort en 1945, ou encore celle réalisée à partir des archives du Musée international de la Croix-Rouge, qui porte un regard critique sur 160 ans d’imagerie humanitaire.

En faisant venir le monde à Arles, en élargissant le festival à dix sites de la région Sud, en associant les programmes du musée Réattu, du musée de la Camargue, de l’association du Méjan, de Fisheye, de Luma, les Rencontres honorent la mémoire d’Olivier Etcheverry, scénographe du festival pendant plus de 20 ans, disparu il y a quelques semaines, et qui « a toujours défendu la joie de s’aventurer hors des sentiers battus. » Une fois encore, suivons-le sur ces chemins de traverse.