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Décrypter les images dans la ville de l’image avec la 54ème édition des Rencontres de la photographie

Publié par Marie-Pierre Garrabos le


C’est sous les ors et lustres d’un salon du ministère de la Culture – ou derrière son écran d’ordinateur pour suivre la retransmission en direct – qu’il fallait être cette année pour découvrir le programme de la 54ème édition du festival des Rencontres de la photographie d’Arles. Une petite déception -la traditionnelle présentation dans la salle d’honneur de l’hôtel de ville d’Arles a dû être annulée en raison des perturbations dues à la 11ème journée de mobilisation contre la réforme des retraites – vite effacée par l’accueil chaleureux de la ministre de la culture, Rima Abdul-Malak, pour les équipes du festival et le maire d’Arles, Patrick de Carolis. La ministre a rappelé l’importance du festival en France et dans le monde : « cela fait 54 ans qu’Arles est la capitale de la photographie grâce au festival dont la durée – trois mois – est suffisamment rare pour être soulignée. » Une importance renouvelée alors que notre époque est saturée d’images : « c’est justement pour cela que les Rencontres sont nécessaires pour et offrent le temps de regarder, observer et mieux comprendre.« 

Arles n’accueille pas les Rencontres, les Rencontres sont nées à Arles

Patrick de Carolis

L’image est au coeur de l’identité d’Arles depuis toujours, a rappelé le maire d’Arles, depuis les fresques romaines jusqu’au projet de développer un écosystème autour des images numériques avec Arles créative et au prochain Festival du Dessin, dont la première édition se déroulera du 22 avril au 14 mai. Portée par les Rencontres, la photographie tient une place majeure dans ce paysage : en effet, » Arles n’accueille pas les Rencontres, les Rencontres sont nées à Arles » a souligné Patrick de Carolis. « Et les directeurs actuels, Aurélie de Lanlay et Christoph Wiesner continuent à écrire leur histoire, comme ceux qui les ont précédés et font vivre l’esprit de ses fondateurs, Lucien Clergue, Jean-Maurice Rouquette et leurs amis.« 

Valeurs de bienveillance et développement durable. Christoph Wiesner, le directeur artistique et Aurélie de Lanlay, directrice administrative, ont inscrit cette 54ème édition dans ce qui fait le caractère et la force du festival depuis sa création : donner à voir les évolutions du monde et des sociétés, faire découvrir des artistes et des pratiques inédites, rappeler la pérennité et la pertinence du travail des grandes figures de la photographie. Avec dans l’ADN du festival, des valeurs de bienveillance et de développement durable : depuis toujours, ses équipes stockent et réutilisent les supports d’exposition et surtout, forment et emploient des agents d’accueil en voie de réinsertion. Depuis toujours soucieux de jouer un rôle positif dans son environnement, le festival se préoccupe désormais de réduire l’impact des expositions. C’est le propos de l’exposition proposée à Ground Control. Pour mettre en valeur le travail d’Eric Tabucchi et Nelly Monnier sur l’évolution des paysages, l’équipe des Rencontres a travaillé avec la Cité Anthropocène de Lyon pour aménager ce lieu, un ancien hangar de la SNCF, en site d’exposition en choisissant une installation modulable et transportable, en veillant à créer une climatisation naturelle.

Un nouveau site. La climatisation ne sera pas nécessaire dans le nouveau site que les Rencontres investissent cette année : les cryptoportiques, où sera donnée à voir le travail de Juliette Agnel réalisé dans la grotte d’Arcy-sur-Cure (une des plus anciennes grottes ornées au monde). « C’était le lieu idéal pour ce projet, qui permet de prolonger la magie des photos dans l’atmosphère » commente Christoph Wiesner. Le directeur artistique souligne également l’importance accordée cette année à l’exploration du territoire et de la Camargue, avec plusieurs expositions.

Exploration de la Camargue. « Soleil gris » à Ground Control, mais aussi le travail de Mathieu Asselin sur les pollutions générées par l’usine de papier de Tarascon, de Tanja Engelberts sur le Rhône et de Sheng-Wen Lo sur la Camargue, plus grand marais de France. Le territoire et ses habitants, c’est aussi le propos de Yohann Lamoulère avec « Les enfants du fleuve » – le Rhône encore, ou encore de l’exposition « Lumières des Saintes » une histoire photographique du pèlerinage qui se déroule tous les ans aux Saintes‑Maries‑de‑la-Mer, présentée dans l’écrin qui s’imposait, le Museon Arlaten.

Avec une autre séquence consacrée aux liens entre photo et cinéma, une exposition consacrée à l’un des grands photographes américains contemporains, Gregory Crewdson et une autre sur 50 ans de photographie au quotidien Libération, la révélation de photographes indiens ou venus des pays du Nord de l’Europe, des découvertes tant sur le fond que la forme, l’édition 2023 consacre bien le festival comme le socle de l’activité autour de l’image à Arles. Avec toujours, l’accès gratuit aux expositions pour les Arlésiens.

Tout le programme sur https://www.rencontres-arles.com/