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Culture / Patrimoine, Festivités
Publié par Aude Pauly le
A quoi ressemblait la 1ère édition il y a 30 ans ?
L’essence même du festival était déjà autour de cette volonté de valoriser les musiques du monde et à travers cela, la richesse que représente la diversité culturelle. Et dès le début aussi, la volonté de Marie-José Justamond qui a créé le festival, a été de mettre les artistes dans des lieux magnifiques de la ville d’Arles. Enfin, il y avait dès la première année des stages et des master classes. Donc déjà la conscience que ces musiques pouvaient être un outil au service du lien social et du “faire-ensemble”.
Et qu’en était-il des musiques du monde il y a 30 ans par rapport à aujourd’hui ?
Ces musiques, il y a 30 ans, étaient en pleine explosion, avec Johnny Clegg et Khaled qui passent à des heures de grande audience à la télévision, le Buena Vista Social Club qui sort un an ou deux plus tard avec le film de Wim Wenders, Cesaria Evora à l’apogée de son art, Emir Kusturica qui continue de collaborer avec Goran Bregović et contribue à propulser sur le devant de la scène la musique des Balkans… Donc on est dans ce chaudron-là. Et c’est pareil aujourd’hui : la musique a besoin, pour se nourrir, d’histoires, de traditions, tout comme les musiques du monde nourrissent la variété internationale.
Le festival a-t-il influé sur ces courants musicaux en France ?
Les Suds ont eu dès le début un positionnement de qualité et d’exigence, des musiques qui ne se restreignaient pas à une sphère géographique, qui exploraient l’ensemble de la palette, un festival aussi très attaché à montrer les musiques d’ici. Autre marqueur identitaire : le flamenco. Donc là encore un lien avec le local. Ainsi que la collaboration avec des producteurs de qualité. Je pense à Accords Croisés avec qui l’on a contribué à des créations, et donc à l’émergence de nouveaux talents, de nouveaux styles… Alors oui, pour toutes ces raisons, j’aime à croire que l’on a pesé sur ces esthétiques, et que cela continue d’être le cas.
Que retenez-vous de ces 30 années passées ?
Il y a eu des étapes marquantes. En 1999 : Goran Bregović au Théâtre antique, 1er concert complet, et là le grand public et les partenaires comprennent ce que peut être ce festival. 1er concert après la fin de la guerre de Yougoslavie, on a sur scène 40 chanteurs, de la musique des Balkans, la puissance et la profondeur des chants bulgares, donc c’est à la fois de la fanfare et du classique. Ce fut un acte fort. Puis on a eu en 2008 la création de la Scène des Forges, notre scène de nuit, rock et électro. Cela nous a permis aussi de passer un cap important, de nous adresser à un public jeune. Et il y a eu plein d’autres moments marquants : le concert de Danyèl Waro sous la pluie en 2002, le concert du Trio Joubran avec la dernière apparition du poète et écrivain palestinien Mahmoud Darwich…
Trente ans, c’est le moment de regarder en arrière, mais aussi en avant ?
Oui, on essaye de voir où tout cela nous mène.Je suis très content par exemple d’avoir pu rouvrir une scène de nuit. Depuis 2024 c’est dans la cour de l’Archevêché et cela fonctionne très bien. C’est une scène aventureuse, qui explore, expérimente, qui dessine les sons de demain. Cela montre que les musiques du monde vont continuer à nourrir la création, en même temps que le festival va continuer d’évoluer vers une action à l’année qui s’affirme de plus en plus.
Quelles seront les nouveautés pour ces 30 ans ?
Trois coproductions déjà. Celle que l’on a initiée entre Raoul Refree et Walid Ben Selim. C’est le Moment précieux du mardi. Il y a aussi Rebecca Roger Cruz que l’on accompagne, le samedi aux Alyscamps. Et puis il y a Mandy Lerouge que l’on avait déjà accueillie pendant l’édition Covid, que l’on entendra le 1er jour. Ça c’est l’une des bougies sur le gâteau.
Autre nouveauté, nous allons démarrer par un grand bal le 14 juillet, place Voltaire, qui vient compléter l’offre proposée par la Ville. On réinvente la tradition du bal populaire. Et puis on finit en fanfare au Théâtre antique le samedi, et le lendemain à Salin-de-Giraud. Le 19 juillet d’ailleurs, on invite tous ceux qui ont contribué au festival, qu’ils aient été bénévoles 1 an, 2 ans, 20 ans ou 30 ans, stagiaires, techniciens, quel qu’ait été leur rôle… Cela représente environ 2000 personnes invitées à cette soirée anniversaire au Théâtre antique pour que l’on passe un grand moment ensemble le dernier soir.
Quant au projet Grand Chœur, le soir de la fête de la musique, le 21 juin à 18h au Théâtre antique : était-il prévu initialement pour les 30 ans ?
Honnêtement non. On l’avait imaginé à un moment où il était question, en 2024, que les structures culturelles se regroupent, comme elles l’avaient fait en 2013, quand « Marseille-Provence » était capitale européenne de la Culture. Donc j’avais eu l’idée de travailler sur les hymnes, populaires, pas nationaux, et de les chanter tous ensemble. On en a confié la direction à Manu Théron, l’un des compagnons de route du festival. On a pris du retard, et surtout la dynamique collective n’a pas existé à l’échelle de Marseille-Provence. Donc on s’est dit « on va le faire pour les 30 ans ». Pour faire écho à 30 ans de transmission. Cela se traduit aussi, depuis le début, par un programme d’actions culturelles dans les quartiers, dans les villages, dans les hameaux, partout où l’on trouve un partenaire, que ce soit un centre social, un EPHAD, un ESAT, une école.
Enfin, parmi les grandes caractéristiques du festival, il y a le fait qu’il soit écoresponsable et exemplaire en la matière.
Oui, c’est l’un des piliers de notre engagement RSE (responsabilité sociétale des entreprises, ndlr). Pour être cohérent, on ne peut pas s’engager en faveur de la diversité culturelle si l’on néglige d’un autre côté l’empreinte carbone qu’on laisse derrière nous. Très tôt on s’en est préoccupés. On a commencé à réfléchir et à mettre en place les premières mesures en 2009-2010. Et depuis on limite le plastique à usage unique pendant le festival. Il faut voir ce que cela implique en termes de logistique pour un festival qui a une dizaine de scènes et une quinzaine de lieux de stages et de master classes ! Et concernant les déplacements des artistes, on s’interdit de faire des « one-shot ». C’est-à-dire que l’on ne fait pas venir un artiste de Corée du Sud par exemple, pour un seul concert en France. Il faut absolument que ce soit en tournée. Concernant le déplacement des publics se pose évidemment la question de la mutualisation. Donc on agit pour qu’il y ait, de la part du public, un maximum de transports doux ou de covoiturage. On a même mis cette année en place du « co-piétonnage », le pédibus, via notre plateforme de billetterie. On veut faire plus d’efforts pour élargir notre public local.
Comment impliquez-vous les artistes dans cette démarche ?
Ils le sont déjà, sensibilisés, mobilisés, à quelques rares exceptions près. Cela a l’air anecdotique, mais il y a 6 ou 7 ans quand on a commencé à dire « on met en place des gourdes, etc… », c’était compliqué. Maintenant ils viennent avec leurs propres gourdes. Et notre ambition est à la fois de réduire notre empreinte carbone, mais aussi de contribuer à la sensibilisation de tous ceux avec qui l’on est en interaction.
Photo de couverture : Soirée Suds Rodrigo Cuevas © O Scher.