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Économie / Agriculture
Publié par Romain Vauzelle le
Depuis sa cuisine, Georgette, bientôt 90 ans, garde un œil sur le joyeux bouillonnement de l’entreprise familiale. Les allées et venues des vieux camions plateaux aux couleurs d’Arles, les comptoirs en bois qu’on charge et décharge, les chaises en plastique qui s’empilent jusqu’au ciel, les rires des livreurs qui s’accordent une pause à l’ombre. A mi-chemin entre Pont-de-Crau et Raphèle, la vitalité des lieux témoigne de la bonne santé de la Brasserie du Delta, 65 ans après que Georgette Bourret l’a rachetée à son père, avec son mari Pierre. « À l’époque, on livrait en triporteur et j’allais démarcher les clients en Solex » raconte Georgette d’un ton bas mais toujours sûr. Elle était l’aînée d’une fratrie de quinze frères et sœurs travaillant presque tous pour l’entreprise paternelle de distribution d’eau minérale. Six décennies
plus tard, l’ADN est le même : un quart de la trentaine de salariés fait partie de l’arbre généalogique de Georgette. Son petit-fils Yvan Bourret – homonyme du fondateur – a pris la tête de l’entreprise, qui distribue aujourd’hui sodas, café, bière, vins et spiritueux aux bars et restaurants dans un rayon
de 70 kilomètres autour d’Arles.
« Mettre de l’eau dans son vin »
« Plusieurs fois, des grands groupes ont essayé de nous racheter, mais on n’a jamais cédé » glissent Pierre et Georgette. Qui ont vu plus grand en quittant la rue Mireille pour la route de Raphèle en 1968, puis en avalant 18 ans plus tard Déderie, un concurrent installé dans les Alpilles. Bourret Boissons est alors devenu La Brasserie du Delta. « Pour ne pas brusquer les clients de Déderie, on a cherché quelque chose avec comme initiales BD, pour Bourret et Déderie. D’où le nom actuel, alors qu’on n’a jamais été brasseurs… » démêle Philippe Lledo, gendre de Pierre et Georgette et ancien dirigeant de l’entreprise, dont les affaires n’ont jamais pâti de conflits familiaux. « On a toujours été assez intelligents pour mettre de l’eau dans notre vin quand il le fallait » s’accordent les enfants du couple. Ces derniers sont unanimes sur les clés du succès de la société : « la qualité du service, la disponibilité et le contact humain avec les clients malgré la digitalisation ». Le temps d’une photo de famille et chacun retrouve son poste. C’est que la feria approche. « Celle de Pâques a été extraordinaire pour nous » confie-t-on dans les bureaux. Dans la cour, le joyeux bouillonnement a repris. Et derrière sa fenêtre, Georgette veille à nouveau au grain.